Professionnalisation des acheteurs : un potentiel à développer
La fonction achats doit continuer à se professionnaliser. C’est ce qu’il ressort de plusieurs documents parus dans le secteur de la commande publique. Déjà, en avril 2015, les chercheurs Jean Tirole et Stéphane Saussier publiaient une note insistant sur la nécessaire « professionnalisation des acheteurs publics ».
« Dans la plupart des pays de l’OCDE, le métier d’acheteur public ne bénéficie d’aucune reconnaissance spécifique », écrivent les chercheurs. Ils ajoutent que « 61 % des acheteurs publics ont intégré les services achats après une mobilité interne, sans expérience préalable en la matière, et que seulement 39 % ont suivi une formation au métier d’acheteur ». Preuve que les collectivités n’ont pas encore pris conscience de l’importance de la connaissance du métier d'acheteur, qui leur permettrait pourtant d’être plus efficaces et performantes dans la gestion de leur budget.
Car l’optimisation de la fonction achats permettrait de réaliser des économies de près de 2 milliards d’euros sur trois ans ! C’est en tout cas l’estimation réalisée par l’Inspection générale des finances dans un rapport publié en avril dernier et qui va dans le sens des recherches menées par Jean Tirole et Stéphane Saussier. « Les achats ne sont pas considérés comme une fonction stratégique dans de nombreuses collectivités territoriales », déplore le rapport. Il préconise notamment la création d’une filière de formation initiale et continue qui permettrait de faire de l’achat une « culture partagée », la poursuite de la mutualisation des achats mais aussi la création d’un « programme partenarial d’appui à l’optimisation des achats locaux ».
Pour les collectivités territoriales, le recrutement d’acheteurs formés aux techniques d’achats (négociation des prix, compréhension du marché) est un moyen efficace de réaliser des économies. Pour cela, le rapport encourage les pouvoirs publics à se tourner vers de nouvelles recrues issues du secteur privé et ayant l’habitude de ces questions. Il suggère également de former les acheteurs déjà en place en insistant sur la dimension économique, plus que juridique de leur poste. L’objectif étant pour la collectivité territoriale de se rendre compte de l’impact « économique et budgétaire » de leur service achats. Autre levier d’économie envisagé : l’amélioration des procédures de la collectivité (accélérer la dématérialisation par exemple). Les sources d’économies sont nombreuses, reste à en avoir conscience et à les mettre en pratique.
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